À la rencontre de Geneviève Cribier, formatrice à la MFR de l’Orléanais
Elle nous offre son témoignage après avoir participé à la 2ème édition de l’opération génération zéro gaspi. Elle nous partage l’engagement des éco-délégués au travers de deux défis « zéro-gaspi » mis en place au sein de l’établissement.
Tout d’abord, qu’est- ce qu’une MFR ?
MFR signifie Maison Familiale Rurale. La MFR de l’orléanais est une école associative qui forme les jeunes à des métiers de l’agriculture, du jardinage mais aussi des services aux personnes. La MFR se caractérise par une pédagogie libre, une manière pour les jeunes d’apprendre autrement. On accueille les jeunes à partir de la 4ème pour des formations qui alternent cours et stage et à partir de la seconde, les élèves sont en apprentissage.
Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre la Génération Zéro Gaspi ?
Depuis plusieurs années, nous accueillons les conseillers en gestion des déchets d’Orléans Métropole pour des animations et ils sont également venus installer un composteur. Le zéro gaspi est déjà en route à la MFR avec l’envie de valoriser les déchets compostables depuis 2 ans, alors il nous paraissait évident de nous engager dans une démarche comme l’opération Génération Zéro Gaspi.
Pouvez-vous nous présenter le « défi zéro gaspi » organisé par les élèves ?
En fait, nous avons organisé 2 actions. La première, c’est une opération baptisée « free fringues » qui a pour objectif de donner une 2ème vie aux vêtements entre les élèves et les adultes de l’école. Il nous semblait important de travailler sur la consommation et leurs conséquences. Ce travail a été réalisé avec les élèves de seconde en tout début d’année. Il s’agissait de créer un magasin éphémère pour les élèves, alimenté par les dons des élèves eux-mêmes. Nous avons réalisé une affiche pour promouvoir l’opération et installé un grand bac dédié aux dépôts des vêtements. Les éco-délégués étaient chargés de collecter, trier et ranger les vêtements dans un local accessible en libre-service et ouvert en permanence, sans surveillance pour que les jeunes puissent se servir en toute discrétion. Le démarrage a été un peu long mais ensuite l’idée a suscité l’engouement de tous. L’opération s’est déroulée de janvier à avril pour se limiter aux vêtements d’hiver. Nous avons même reçu des vêtements de bébé, d’enfants et de tailles qui ne pouvaient pas convenir au public de l’école si bien que nous avons organisé le transfert de ces collectes vers l’association Imanis au centre d’hébergement d’urgence qui a son tour a réalisé son « free fringues ».
Les élèves veulent renouveler cette opération l’année prochaine. C’est une idée qui peut être facilement reproduite dans d’autres établissements et pas uniquement avec des vêtements. On peut la décliner avec des fournitures scolaires. A-t-on réellement besoin de racheter certaines fournitures tous les ans ? Les jeunes, à un certain âge sont moins regardants.
Notre 2ème défi est une action anti gaspillage alimentaire. Nous avons utilisé l’application Too good to go pour « recycler » les repas issus de la cantine. C’est plus contraignant car l’inscription est payante. Il faut se faire connaitre. Le retrait se fait sur rendez-vous et le repas est payant. Mais cette initiative a permis de sauver une centaine de repas sur une période de janvier à juin, ce qui n’est pas négligeable. Nous l’avons fait dans l’attente d’un projet de frigo solidaire. Nous allons récupérer un vrai frigo donné par une association. Nous pourrons y mettre des produits non chauffés tels que les laitages et les plats en barquettes livrés en liaison froide qui n’auront pas été servis à la cantine. Les élèves pourront se servir, mais aussi les familles et les adultes en insertion à la MFR. Ce projet devrait voir le jour en septembre.
Quel retentissement a eu cet engagement dans la démarche Génération Zéro Gaspi mais aussi les projets à venir auprès de tous les élèves ?
Le « free fringues » a impacté tout le monde. Nous avons fait une collecte de jeux et jouets avant et après la période de Noël pour les donner aux Restos du cœur. Cette collecte a mobilisé tout l’établissement. Les élèves ont réparés, remis en état et mis les jeux et les jouets en boite. Nous avons pu donner l’équivalent d’un caddie bien rempli. On a aussi réalisé des maraudes en collaboration avec l’association les Mains tendues. On récupère des fruits et légumes qui étaient destinés à être jetés, sur le Marché Pirate qui se tient Place Saint Aignan tous les samedis après-midi, et on cuisine des cakes salés et des compotes que l’on conditionne dans des petits pots de bébés récupérés et on les distribue lors des maraudes.
Toutes ces initiatives vont dans le projet d’accompagner l’école vers la transition écologique mais l’impulsion donnée vient des éco-délégués. Et ils veulent continuer ! Je prends ma retraite cette année mais une personne va reprendre le flambeau.
Conseillez-vous aux autres établissements de rejoindre la génération zéro gaspi ? Et pourquoi ?
J’aimerais que la MFR postule à nouveau si c’est possible ! Mais il faut laisser la place aux autres écoles. Je leur conseille vivement de participer car la visite de l’Utom permet aux élèves de voir la face cachée des déchets et tout le travail, la technologie mais aussi les hommes et femmes qui travaillent pour valoriser les déchets. Pour ma part, j’ai demandé à ce qu’une classe entière fasse les visites et pas uniquement les éco-délégués (au nombre de 10). Et le Comptoir du réemploi pour beaucoup est un magasin comme un autre. Mais là, ils ont découvert un lieu qui redonne de la valeur aux objets mais aussi aux personnes.