“Duralex”, de la locution latine Dura lex, sed lex, qui signifie « la loi est dure mais c’est la loi ».
Un nom qui a sûrement conféré à l’entreprise la force qui est la sienne aujourd’hui, et qui lui a permis de surmonter bien des obstacles à travers les décennies. Symbole des produits durables et du made in France, fleuron du territoire orléanais et de son savoir-faire, baptisée « Tour Eiffel de la vaisselle », madeleine de Proust pour des générations d’écoliers, Duralex est sauvée, au grand soulagement de ses 266 salariés, qui étaient jusqu’ici dans l’incertitude, et des habitants, particulièrement fiers de ce patrimoine industriel unique au monde.
Placée en redressement judiciaire en avril dernier, la célèbre entreprise française va continuer d’exister après la validation d’une proposition de société coopérative de production (Scop), soutenue par 60% du personnel et portée par la direction du site et par les élus locaux – en tête, le maire d’Orléans et président de la Métropole, Serge Grouard, et le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau. « Ce projet des salariés, tous les acteurs locaux et régionaux le soutiennent, a martelé Serge Grouard. Nous y avons travaillé durant de nombreuses semaines. C'est un projet qui est très robuste, construit dans une perspective de redéveloppement de Duralex. Il y a les compétences ainsi que l'outil industriel. Nous, la Métropole, croyons fortement en ce projet ! » « C’est une mobilisation totale, confirme François Bonneau. Les salariés ont choisi une reprise, de s’engager avec un super projet industriel. Ce n’est pas envisageable de continuer à projeter notre industrie à l’autre bout du monde. »
Rachat du site de la verrerie par Orléans Métropole
La proposition de Scop a été validée par le tribunal de commerce d’Orléans le 26 juillet, après analyse des trois offres de reprise de la verrerie. Le tribunal a considéré la Scop comme « un projet marketing et commercial cohérent et sérieux », avec des « garanties fortes », estimant qu’elle apparaissait en mesure de maintenir « les activités des salariés dans des conditions réalisables ». La solidité de ce projet de coopérative, prévoyant le maintien de la totalité de l’entreprise, qui comptait encore récemment 228 salariés (mais une démission et un départ à la retraite ont porté ce chiffre à 226), a permis ce tour de force.
Ce qui a pesé dans la balance également : Orléans Métropole a proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre cinq et six millions d’euros, afin d’aider à convaincre les banques de financer le projet. Une belle victoire collective ! « Sans le président de la Métropole et sans le président de la Région, nous ne serions pas arrivés à porter la Scop et à sauver Duralex, témoigne François Marciano, directeur général de la Duralex Scop SA. Tous les deux ont été d’un grand soutien. C’était extrêmement compliqué pour nous, les salariés de Duralex, d’être écoutés, de pouvoir porter notre projet industriel. Serge Grouard nous a considérés d’un point de vue industriel, financier et commercial, avant de dire “OK, je vais vous aider”. Il nous a challengés, nous a regardés vraiment. Il y a eu une douzaine de réunions. Nous avons su travailler tous ensemble, mettre nos différences de côté. Nous avons mené un combat acharné. Notre cœur déborde de joie, aujourd’hui, à Duralex. Au tribunal, lorsque la décision a été rendue, tout le monde a crié son bonheur d’une seule voix. C’était magique, de savoir que l’on sauvait l’entreprise et 226 emplois ! Le tribunal nous a choisis, car nous avons un projet industriel qui tient la route, qui est viable. Les salariés sont plus que motivés. C’est le début d’une nouvelle aventure. Nous invitons tous les Français à acheter Duralex ! »
Quelques jours après l’annonce du sauvetage, une hausse des ventes de 323% a été constatée chez Duralex – le site internet a même saturé en raison de l’afflux massif des commandes ! Les objets plébiscités : les verres iconiques de la marque. Un appel entendu par les Français, donc !
📷Jean Puyo et Mairie d'Orléans
📝Emilie Cuchet et Michaël Simon
Qu’est-ce qu’une société coopérative et participative (Scop) ?
Une Scop est une société coopérative de forme SA, SARL ou SAS dont les salariés sont les associés majoritaires. Les salariés détiennent au moins 51% du capital social et 65% des droits de vote. Si tous les salariés ne sont pas associés, tous ont vocation à le devenir. Une Scop repose sur quatre principes fondamentaux : le partage équitable du pouvoir, des risques, de l’information et des profits. Chaque salarié associé dispose d’une voix, quels que soient son statut, son ancienneté et le montant du capital investi. Les informations liées à la vie de l’entreprise circulent en toute transparence, et les décisions stratégiques sont l’expression du plus grand nombre. Dans une Scop, il y a un dirigeant, comme dans n’importe quelle entreprise, mais celui-ci est élu par les salariés associés.
La société Duralex Scop SA, effective au 1er août 2024, a une assemblée générale composée de 138 associés et un conseil d’administration de 18 personnes. Son directeur général, François Marciano, est le mandataire du projet.