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      Economie - innovation

      le 22/11/2024

      Iziwup : prendre en main son destin financier, dès le plus jeune âge.

      Ils sont trois. Trois anciens banquiers issus de la gestion de patrimoine. À la tête de ce trio, une jeune femme décidée, Jeanne Le Melinaire, qui profite en 2021 d’une restructuration du groupe bancaire qui l’emploie pour se lancer dans un défi de taille : éduquer les Français, dès l’enfance, aux questions de finance.

      Que l’on parle d’argent de poche ou d’investissement à long terme, Iziwup ambitionne d’accompagner le particulier dans toutes les étapes de sa vie, en lui fournissant des conseils sincères et transparents. Une idée née du constat de la méconnaissance des clients sur le thème des produits financiers, pouvant les mener dans des situations au mieux désagréables, au pire dramatiques. Qu’il s’agisse de seulement préparer ses vacances ou d’éviter les pièges du surendettement, le projet de la start-up est d’accompagner l’étudiant, les familles et chacun d’entre nous dans la construction concrète de ses besoins ou de ses rêves. « Tout au long de notre vie, on nous encourage à gagner de l’argent, mais on ne nous apprend jamais comment le gérer… », déplore Jeanne Le Melinaire. Maîtriser son budget, comprendre un taux d’intérêt, déclarer ses impôts, connaître les différents régimes matrimoniaux… Autant de basiques fondateurs d’un patrimoine, qui commence par l’épargne de sécurité avant d’entrer dans le dur de l’investissement, de l’épargne à long terme, de l’immobilier…

      C’est à Rennes que l’étudiante morbihannaise, trente-et-un ans aujourd’hui, passe une licence de droit avant de s’envoler pour les États-Unis où elle perfectionne son anglais pendant un an. Après un master 2 à Paris en alternance chez HSBC, elle occupe un poste de conseiller patrimonial. Fille de parents constructeurs de maisons individuelles, l’esprit d’entreprendre titille vite la jeune Bretonne, admiratrice d’un papa fourmillant d’idées. Prudente, après trois années de salariat propice à muscler ses compétences, la jeune femme va ensuite passer dix-huit mois à échafauder des plans et bâtir son projet.

      Un jeune averti en vaut deux

      Alors, comment mieux accompagner les consommateurs face aux produits financiers ? En leur donnant accès à des outils concrets, qui vont permettre d’acquérir les connaissances nécessaires et de personnaliser à l’envi son parcours financier. Et tout commence dès le plus jeune âge, grâce au Izi’book, le guide de l’éducation financière dès 7 ans, format cahier de vacances, qui va permettre aux enfants de comprendre la valeur de l’argent, différencier les achats besoins des achats plaisirs et réaliser ses premières économies. Le tout avec des histoires, des jeux et des défis pour apprendre en s’amusant. « Au même titre qu’il existe une éducation sexuelle dès le plus jeune âge, il s’agit de sensibiliser les enfants sur la gestion de budget, les fraudes ou les arnaques… », assume la dirigeante. Izi, personnage fil rouge mi-écureuil mi-kangourou, n’avait pourtant pas vocation à naître. Ce sont pourtant des parents qui ont applaudi à l’idée de parler d’argent à leurs enfants ! Après un sondage sur LinkedIn afin de conforter l’appétence pour cette éducation précoce, le post décolle, suivi d’avis et de commentaires positifs. C’est décidé, Izi sera le messager. 

      Pour autant, Iziwup ne lâchera pas l’élève après son parcours primaire, en particulier au moment où les choix d’orientation se profilent vers les filières d’apprentissage ou l’enseignement supérieur. À l’heure des premiers salaires, des prêts et jobs étudiants, l’accompagnement prend tout son sens. En lancement cette année, l’application du même nom, agrémentée de webinaires pédagogiques, va d’abord introduire cette éducation financière au sein des écoles, afin que tous les étudiants, et non une poignée de privilégiés, puissent accéder à l’outil. En clair, l’école achète le package plateforme e-learning et application (prix moyen : 15 euros par an et par étudiant) et partage ensuite des codes d’affiliation avec les élèves, qui pourront l’utiliser gratuitement. À ce jour, des discussions sont en cours avec plusieurs écoles et CFA, ainsi que le rectorat Orléans-Tours pour engager les premiers tests. 

      Pour l’équipe d’Iziwup, l’avenir s’annonce particulièrement soutenu. En préparation, un deuxième tome izi’book à partir de 12 ans, et une « bible » du patrimoine destinée aux adultes. Et fin 2025, l’application financière sera accessible à tous les particuliers. 

      L’appli Iziwup, comment ça marche ?

      À la disposition des écoles dans un premier temps, l’appli Iziwup propose trois outils. Une académie avec du contenu éducatif composé de petits modules expliquant des notions telle que l’inflation, les livrets d’épargne, suivis de quiz pour gagner des points afin d’obtenir des réductions chez des partenaires. Un simulateur de projet de vie, permettant par exemple de calculer son budget vacances entre copains, avec des analyses et des recommandations. Raccordé aux comptes bancaires, le logiciel mesure instantanément l’impact sur les finances, détermine la capacité d’épargne et fournit des conseils personnalisés sur les moyens de mener à bien le projet, en suggérant les actions ou économies possibles. Enfin, un tableau de bord interactif, résumant la situation financière et budgétaire de l’étudiant, contribuant à visualiser plusieurs scénarios de projets et anticiper tous les évènements d’une vie.

      Jeanne et Orléans : la rencontre

      Lorsque son compagnon, collègue et futur associé, est muté à l’agence bancaire d’Orléans, Jeanne Le Melinaire a déjà quitté HSBC et commencé à cogiter seule son projet. Malgré quelques a priori, elle découvre une ville magnifique, à taille humaine et tournée vers l’entrepreneuriat. Elle contacte le Lab’O – lieu de rêve, précise-t-elle – et on lui présente Anne Villieu, chargée d’affaires entreprises à la technopole, avec qui elle aura rendez-vous tous les mois. Au programme : échanges d’idées et mise en forme du projet. « Elle m’a aidé à construire ma réflexion, m’a ouvert des portes, et m’a fait rencontrer les bonnes personnes. Lorsque je ressors mon premier business plan, je mesure l’évolution incroyable. Tout ça grâce à cet accompagnement, qui n’a jamais jugé le projet, mais m’a fait me poser les bonnes questions…»

      ✏️ Laurence Boléat 📷 Natalia Shilo