Début mars, un incendie a ravagé le tout récent centre de transfert des déchets recyclables près de Blois. Des départs de feu ont également été constatés et heureusement maîtrisés au centre de tri de Parçay-Meslay, près de Tours, dont au moins un a été causé par une batterie de cigarette électronique. De tels événements sont-ils à craindre dans votre usine, à Saran, et si oui comment les éviter ?
Malheureusement oui, nous sommes confrontés aux mêmes problématiques, car bien évidemment une batterie de cigarette électronique n’avait en aucun cas à se retrouver dans un bac de tri, une poubelle jaune. Mais cela fait partie des trop nombreux déchets que nous retrouvons sur nos chaînes de tri. Avec nos machines, qui utilisent les aimants et le champ magnétique pour séparer l’alu par exemple, les batteries peuvent chauffer et donc prendre feu ou exploser. Nous avons encore eu le cas tout récemment avec la présence d’un aspirateur, dont, suite à un court-circuit, la batterie a pris feu ! Et le risque est le même pour tout l’électroménager, les ordinateurs, téléphones, trottinettes, enceintes bluetooth, montres connectées…
Car ce sont des objets que vous trouvez régulièrement sur vos chaînes de tri ?
Oui ! Il ne faut surtout pas confondre « tous les emballages vont dans la poubelle jaune » et « tout va dans la poubelle jaune », car la présence d’objets autres que les emballages peut mettre en grave danger les 50 agents qui travaillent ici. Outre les batteries que je viens de citer, on retrouve également plein de choses qui n’ont rien à faire ici, et représentent de réels risques.
Des bouteilles de gaz par exemple, on est loin d’un emballage, pas vrai ? Normalement elles sont consignées, donc une fois vides, elles doivent être restituées au vendeur, et en aucun cas se retrouver dans la poubelle, jaune ou verte. Nous retrouvons également des extincteurs et surtout, et en très grand nombre, de plus en plus de cartouches de protoxyde d’azote, que nous ne prenons pas en charge ici et représentent là aussi des risques.
De même, ce que nous appelons les déchets de soins, comme les seringues, qui peuvent bien sûr blesser et infecter nos agents, et doivent être déposés en pharmacie, ou à l’infirmière en charge des soins à domicile. Sans oublier le verre, que nous rencontrons également, alors que les bouteilles doivent être déposées dans les points d’apport volontaire, et le verre domestique cassé glissé avec les déchets ménagers, mais en aucun cas dans les bacs de tri !
Pas plus d’ailleurs que les végétaux, dont certains ont des épines qui peuvent être dangereuses, et qui peuvent être déposés dans les Végé’tris.
Et j’ai cru comprendre, en visitant l’usine, que d’autres objets, qui ne semblent pas en apparence dangereux, peuvent malgré tout s’avérer l’être pour les agents de tri…
Ha oui, et c’est un autre gros problème que nous rencontrons au quotidien. Allez savoir pourquoi mais tous les jours, nous trouvons une dizaine de parapluies, qui peuvent bloquer nos chaînes, donc diminuer la qualité de notre travail, et encore une fois mettre en danger des agents qui souhaiteraient débloquer le mécanisme. C’est le même problème avec les tuyaux d’arrosage, des barres de fer, des pièces de moteur, des disques de frein, des câbles, des outils de bricolage…
Des outils ?
Absolument, il nous arrive régulièrement de trouver des marteaux, par exemple ! Mais vous savez, nous tombons aussi parfois sur des déchets biologiques comme des cadavres d’animaux, ou encore, et heureusement c’est plus rare, sur des armes, de vieilles munitions de guerre, et même une fois sur un fumigène qui s’est déclenché, ou… un boa vivant !
Alors par respect et pour la sécurité de nos agents : la poubelle jaune, c’est uniquement pour les papiers et les emballages.