Education , Environnement , Ingré
le 22/11/2024
Génération zéro-Gaspi : rendez-vous avec les éco-délégués d'Ingré
Le lycée Maurice Genevoix à Ingré accueille 1 300 élèves en filière générale, technologique et professionnelle. Encadrés par trois professeurs documentalistes, une soixantaine d’entre eux participent au dispositif Génération zéro-Gaspi. Daïna Laravine, encadrante, nous explique la genèse et le travail de ces éco-délégués.
Daïna Laravine, avant toute chose, pouvez-vous nous expliquer comment vous avez mis en place ce dispositif dans l’établissement ?
Le lycée Maurice Genevoix a lancé en 2020 le dispositif Génération zéro-gaspi, au moment où le Ministère a décidé de généraliser les éco-délégués dans les établissements scolaires. Nous avons donc lancé un appel aux volontaires, avec au départ l’idée d’avoir un éco-délégué par classe. Puis nous avons modifié notre stratégie, en décidant qu’il valait mieux que ce soit les élèves les plus motivés qui participent, parce qu’en fait, toutes les classes n’avaient pas toujours de volontaires, et certains l’étaient plutôt par dépit que par réelle motivation. Il y a donc eu l’an dernier plusieurs éco-délégués par classe, d’autres n’en avaient pas, et cela nous convenait très bien.
Comment avez-vous procédé pour les « recruter » ?
Nous avons lancé un appel en même temps que l’élection des délégués de classe. En 2020, avec le Covid, nous avons un peu peiné à mettre les choses en place. Au début, seulement une trentaine d’élèves se sont présentés, puis au fil des ans, nous sommes montés jusqu’à soixante. Ce fut donc assez dur de fédérer autant d’élèves autour d’un tel projet. En tant que professeurs encadrants, nous leur avons donc demandé l’an dernier de nous rendre une fiche projet, en indiquant les moyens matériels, humains et financiers auxquels ils pensaient pour la mise en œuvre, mais également leur stratégie de communication et les actions à mener. Ceux qui nous ont rendu cette fiche projet ont été les heureux élus, considérant que s’ils avaient fait cette démarche, c’est qu’ils étaient réellement motivés. Au final, 33 élèves ont intégré le groupe l’an dernier, et cette année, nous sommes encore en plein recrutement, mais le nombre devrait être identique. On retrouve d’ailleurs des élèves qui sont déjà engagés dans d’autres dispositifs et qui sont moteurs dans la vie du lycée. Beaucoup d’entre eux sont aussi membres de la Maison des lycéens, une association qui propose beaucoup d’évènements et d’actions. Globalement, nos volontaires ont ce goût pour l’engagement.
Retrouvez-vous les mêmes élèves d’une année sur l’autre ?
Parfois, les élèves de seconde veulent continuer en première, puis en terminal, d’autres abandonnent, mais généralement il reste toujours un petit noyau. Nous organisons une journée de formation pour leur expliquer les grands principes du développement durable, les moyens de financement à leur disposition. Durant cette journée, nous les faisons réfléchir sur le projet qu’ils ont imaginé, en les faisant travailler en groupe. L’an dernier, trois groupes ont émergé : « Action solidaire », « Espaces verts et potager collaboratif », « Réduction des déchets ». Dans le premier, nous avons collecté des vêtements et des produits d’hygiène pour des associations. Dans le deuxième, les jeunes ont travaillé avec le chef cuisinier, le personnel de la cantine et l’association de Thierry Blin, conseiller municipal à Ingré, qui nous a fait don de plants pour créer le potager : les élèves ont planté des fraises, des framboises pour décorer les desserts, des plantes aromatiques, des tomates… et pour le troisième groupe, grâce à l’aide de deux personnes d’Orléans Métropole qui nous ont conseillés, nous avons supprimé les poubelles dans certains lieux et installé une grande collecte de tri dans des endroits stratégiques. Toutes les petites poubelles ont été retirées des classes et les élèves peuvent désormais trier et jeter leurs déchets aux points de collecte. Puis nous avons communiqué sur toutes ces actions.
Quand et comment ces éco-délégués ont-ils travaillé ?
Sur leur temps libre. Le groupe « Action solidaire » était très autonome et ce fut très bénéfique pour eux comme pour nous. Ils se sont débrouillés pour faire leur affichage, ont installé des chariots de collecte à l’entrée et à la sortie du lycée et quand les chariots étaient pleins, ils contactaient eux-mêmes les associations. Pour le groupe « Potager Collaboratif », nous les avons aidés à trouver des créneaux parce qu’ils n’avaient pas tous le même emploi du temps, mais globalement, ils s’arrangeaient entre eux. Concernant le groupe « Tri des déchets », ce fut plus compliqué. Nous nous sommes rendu compte que les élèves avaient beaucoup de mal à trier, et les professeurs aussi… Les bonnes intentions n’étaient pas toujours respectées, notamment sur les mouchoirs ou serviettes en papier. La suppression des poubelles dans les salles de classe n’a pas fait l’unanimité, chez les jeunes comme chez les adultes. Si ce groupe perdure cette année, nous allons devoir faire un gros travail d’éducation.
✏️ Laurence Boléat 📷 Natalia Shilo