Tendances des recherches actuelles

      Economie - innovation , Environnement

      le 19/11/2024

      Rencontre avec Florian Delépine, fondateur de L’Atelier TAC, acteur précieux du zéro-gaspi

      Orléans Métropole met au défi les associations et entreprises de l’ESS de devenir acteurs du zéro-gaspi. Trois structures du territoire très actives dans le réemploi – la Ressource AAA, le Lieu multiple et L’Atelier TAC – se sont associées pour mettre en place le projet Precious Plastic et ont pu obtenir une subvention métropolitaine.

      Florian Delépine, vous êtes co-dirigeant de L’Atelier TAC, pouvez-vous nous expliquer le statut et l’activité de votre entreprise ?

      L’Atelier TAC est une entreprise coopérative sous forme de SCOP qui évolue dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Nous existons depuis 2012, j’en suis le fondateur et j’ai été rejoint au fur et à mesure par deux autres associés, puis deux salariés en CDI, une apprentie qui effectue un CAP menuiserie au CFA d’Orléans, et une stagiaire. Nous concevons et créons du mobilier et des aménagements intérieurs et extérieurs pour des particuliers, des entreprises et des institutions. Le tout dans une démarche d’éco-conception et d’économie circulaire. Nous sommes spécialisés dans le réemploi des matériaux considérés comme des déchets, nous les récupérons, les valorisons et les réutilisons dans différents projets.

      Quels sont les matériaux que vous récupérez ?

      Toutes sortes de matériaux, mais principalement du bois issu en grande proportion du secteur événementiel. Des décors de défilés de mode, d’anciennes expositions ou agencement de lieux, des boutiques, partout où il a été nécessaire de construire des séparations, des socles, etc. Ces matériaux sont considérés comme des déchets parce qu’ils n’ont pas de valeur sur le marché du recyclage. Au contraire des métaux, des papiers ou des plastiques qui sont rachetés par les recycleurs, les panneaux de bois en OSB, contreplaqués ou agglomérés n’intéressent pas ce marché. Les réemployer offre un réel intérêt, sinon ils sont incinérés ou enfouis.

      Que fabriquez-vous avec ces panneaux ?

      Nous fabriquons du mobilier, de l’agencement et de l’aménagement pour des commerces, le grand public, les associations, de grandes entreprises telles que Bouygues ou Vinci, mais aussi pour les petites structures. Ce qui nous plait, c’est la diversité des projets. Tout est conçu ici à Orléans, de la création à la conception jusqu’à la fabrication. Nous sommes à la fois designer, ingénieur, architecte et artisan, donc aussi bien studio de design qu’entreprise de production. Raison pour laquelle nous pouvons recycler facilement toutes ses matières, qui ont été peintes, trouées, vissées, agrafées ou conçues dans des formes particulières. Pouvoir faire l’ensemble de la chaîne nous permet de prendre en compte toutes les propriétés de la matière.

      Parlez-nous de Precious Plastic, projet de recherche et développement sur le recyclage du plastique non recyclés.

      Nous avons eu vent il y a un an d’un appel à projets d’Orléans Métropole et avons décidé d’y répondre en proposant un partenariat avec deux autres structures, la Ressource AAA et le Lieu multiple. Le concept de Precious Plastic a été inventé par un entrepreneur anglo-saxon qui a pour principe de recycler le plastique à l’échelle locale ou artisanale et de rendre cette action accessible. Il a donc mis au point des machines aisément fabricables pour broyer, fondre, remettre en forme et recréer de nouveaux objets, sans avoir énormément de moyens et sans être une industrie lourde. Il s’agit du concept de la low-tech, opposé à celui de la high-tech, soit un ensemble de technologies peu complexes pour que tout un chacun puisse se les approprier. Un bon bricoleur peut aisément fabriquer cette machine.

      Quels sont les débouchés de ce plastique ?

      Nous sommes justement en pleine phase de recherche et de développement pour identifier le potentiel des objets à fabriquer. À ce jour, la Ressource AAA récupère auprès des déchetteries et des citoyens de la métropole tout un tas d’objets, comme des chaises, des jouets ou des boitiers trop abimés pour être revendus dans leur boutique. Ils ont investi dans les machines et embauché une personne dédiée au projet. Notre rôle à l’Atelier TAC est d’imaginer l’avenir de ce plastique, en tenant compte de toutes les contraintes techniques, comme la robustesse. Nous réunissons toutes nos compétences pour leur donner une nouvelle vie, sous forme par exemple de boutons de portes, de poignées, de supports de tringles. Quant à Lieu multiple, ils sont entre les deux, ils fabriquent déjà des objets issus du bois, et vont ajouter à leur catalogue ces nouveaux objets. Nous allons creuser ensemble ces nouvelles pistes.

      Comment s’est passé l’accompagnement de la Métropole ?

      Nous avons établi un budget pour le projet global et demandé leur soutien pour une partie de ce financement, notamment pour le recrutement de la chargée de mission à la Ressource AAA. Il s’agit donc d’un cofinancement. La Métropole nous aide aussi dans la communication et la sensibilisation des habitants à cette cause. De notre côté, nous l’informons de l’évolution du concept, à travers notre interlocutrice qui travaille à la Direction de la Réduction et de la Valorisation des Déchets.

      Vous voulez participer à la réduction de la pollution plastique ?

      Dans le cadre du projet Precious Plastic, La Ressource AAA, porteur d’un chantier d’insertion depuis 2020, a lancé un appel aux dons. Objectif : recycler les 8% de déchets ultimes de plastique qui ne peuvent être ni réemployés ni recyclés, afin qu’ils ne finissent pas dans la nature. Pour cela, La Ressource AAA doit construire un espace de travail agréable et sécuritaire pour les salariés, qui permettra de trier, broyer, fondre et mouler ce plastique, afin de fabriquer d’autres objets du quotidien. 

      ✏️ Laurence Boléat 📷 Natalia Shilo