Pi-Pop, le vélo électrique sans batterie

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En 2016, lorsqu’il a racheté l’entreprise de conception de cartes électroniques STEE à Olivet, Adrien Lelièvre avait une idée fixe : fabriquer un vélo électrique sans lithium et sans recharge. Sept ans plus tard, il remporte la prestigieuse médaille d’or du concours Lépine…

Développement durable , Economie - innovation

Pi-Pop, le vélo électrique sans batterie

Éthique et pratique, tel pourrait être le slogan du vélo électrique Pi-Pop. Débarrassé du très controversé Lithium et ne nécessitant aucune autre énergie que celle de modestes mollets pour se recharger, il pourrait être l’avenir de la bicyclette en ville. Une technologie unique qui a commencé à germer dans la tête de l’Orléanais Adrien Lelièvre dès la fin de sa thèse en génie industriel. Cet ancien professeur de violon, passionné d’arts et de musique, a aussi choisi des études d’ingénieur pour assurer son avenir. Diplôme en poche, il avait envisagé dans un premier temps de se tourner vers l’industrie du luxe pour satisfaire son goût de l’esthétisme. Mais c’est un emploi de chef de projet pour transférer et construire une usine de composants électroniques en Seine-et-Marne qui va finalement capter l’attention du jeune homme. Même si ce poste est éloigné de son profil, il tente sa chance et va même y réaliser sa thèse.

Le supercondensateur, champion de la transition énergétique

L’entreprise Exxelia, dernier fabricant français de composants électroniques, ne travaille que sur des marchés haut de gamme. Son produit phare ? Le condensateur. Rapidement, Adrien Lelièvre s’adapta, innova, explorant tour à tour la logistique et la production. Il se vit confier une première unité commerciale, puis une deuxième, avant de devenir directeur industriel du groupe, qui comportait huit usines en France, deux au Maroc, deux au Vietnam et une aux États-Unis. Intégré au comité de direction avec plusieurs casquettes, il créa une cellule innovation, qui lui permit de répondre à son imagination créative. Au sein de cette cellule, il s’intéressa de très près aux supercondensateurs et se rapprocha de deux start-up, ukrainienne et française, pour l’aider dans la fabrication : « Je me suis aperçu que ce composant est extrêmement intéressant. Il est robuste, s’inscrit pleinement dans la transition écologique et énergétique, et le passage au tout électrique. Cerise sur le gâteau, pour le fabriquer, je pouvais utiliser une grosse partie de mon parc machines… »

Bien sur l’idée de fabriquer des supercondensateurs séduit, le programme est stoppé et Adrien Lelièvre décide de quitter la société et de suivre son propre chemin.

Une solide équipe de séniors à la pointe de l’innovation.

Adrien Lelièvre est convaincu de l’avenir du supercondensateur : « J’ai cherché une entreprise et je suis tombé sur STEE à Olivet, qui possédait la structure et des compétences qui m’intéressaient ». À l’époque, l’équipe de STEE ne connaissait pas les supercondensateurs, mais maitrisait la gestion de l’énergie embarquée et la conception de systèmes basse consommation. Des bases idéales pour la transition écologique et l’efficience énergétique. Sur la partie production, les salariés en place étaient déjà tous des techniciens expérimentés et aguerris. « Dans une PMI, il faut une équipe solide. La clef de la réussite : des gens qui tiennent la barre, se font confiance et qui croient au projet… »

Avec des collaborateurs de confiance et expérimentés, le chef d’entreprise recréa une cellule innovation et chercha «  l’idée produit » pour former et fédérer l’équipe, tout en restant accessible à une PMI. Et pourquoi pas une bicyclette ? Certains membres du personnel sont des adeptes de la petite reine, toute la région s’y prête et Orléans est traversée par la Loire à vélo !

Orléans ? I love it !

Restait à convaincre Nhi, la femme d’Adrien Lelièvre, ingénieure de formation, de s’engager dans l’aventure du vélo du futur. C’est en traversant le pont Georges V qu’elle eut le coup de foudre pour la région. Septembre, été indien, magnifique soleil, balade dans les rues de la cité johannique, visite de la cathédrale, cette sportive dans l’âme aperçut des kayaks sur le fleuve royal et s’exclama : «Orléans,  I love it !».

C’est ainsi que la même année, à 31 ans, Adrien Lelièvre devint père de famille, chef d’entreprise et dépositaire du brevet Pi-Pop. Sept ans et trois enfants plus tard, le vélo troisième génération est commercialisé et s’écoule déjà à cent exemplaires par mois.

Pi-pop est aujourd’hui plébiscité par des particuliers, des loueurs, des collectivités, le ministère de l’Intérieur, et intrigue désormais les grands distributeurs tels que Décathlon, Boulanger, Go Sport… La France, encore timide, commence à s’intéresser à cette pépite, déjà vendue en Nouvelle-Calédonie, à l’Île Maurice, en Suisse, en Allemagne, en Corée et aux USA ! La mairie de New York vient en effet d’interdire le stockage des vélos à batterie dans les appartements pour cause d’incendie…

Pour répondre à la demande, la future usine de fabrication du Pi-Pop ouvrira prochainement ses portes à Saint-Cyr-en-Val.

Comment fonctionne l’assistance électrique Pi-Pop

Caché dans les montants du porte-bagages, un circuit intégré équipé de supercondensateurs stockent l’énergie. Ils ne contiennent pas de Lithium, mais seulement des matériaux recyclables et abondants – soit présents un peu partout sur la planète – tels que l’aluminium et le carbone. Au contraire des batteries qui se chargent sur une prise secteur, le système Pi-pop se recharge lorsque l’utilisateur pédale. Le vélo emmagasine de l’énergie sur le plat, dans les descentes et au moment du freinage, puis la restitue quand le besoin s’en fait sentir (démarrage, faux plat, côtes ou vent de face). Si sa capacité de stockage est inférieure à celle d’une batterie, raison pour laquelle l’assistance continue n’est pas garantie au-delà d’une côte de 100 mètres de dénivelé, sa durée de vie est nettement plus élevée (10/15 ans), acceptant plusieurs centaines de milliers de charges/décharges. Son utilisation est de ce fait déconseillée en zones trop montagneuses, mais idéale dans des villes ou zones à faible ou moyen dénivelé. Dans cette configuration, il permet d’atteindre une autonomie quasiment illimitée.

✏️Laurence Boléat  📷 Natalia Shilo