Déjà 600 produits disponibles pour les plasturgistes
Rien qu’en Europe, il existe des milliers de recycleurs qui achètent des déchets plastiques dans les centres de tri. Mais ces derniers n’effectuent pas ces tâches de la même façon, même si le premier enjeu consiste à effectuer un tri systématique et rigoureux. Polytopoly est capable, au sein de son laboratoire d’Orléans, d’analyser les lots de plastique qu’on lui soumet en un temps restreint, et de les proposer dans un catalogue contenant aujourd’hui plus de 600 produits avec leurs fiches techniques, en partenariat avec 150 recycleurs sélectionnés. Le plasturgiste qui conçoit un nouvel objet peut donc faire appel à la start-up orléanaise pour trouver la matière qui correspond à son application, sans avoir à faire la tournée des milliers de fournisseurs. Contraintes techniques, objectifs, récurrences de leur besoin, tout est passé au crible par Polytopoly. Ensuite, plusieurs références sont proposées, afin d’effectuer des tests. Lorsque le client achète son camion complet, Polytopoly s’occupe aussi de toute la logistique et effectue en amont un contrôle qualité à son départ, grâce à ses partenaires spécifiques et à son maillage de prestataires opérationnels partout dans le monde. Un échantillon est envoyé dans son laboratoire d’Orléans pour analyse immédiate et validation auprès du plasturgiste avant la livraison.
Créé en 2018 par Marine Charrier et Édouard Garreau, Polytopoly a su convaincre les investisseurs, aussi bien français, qu’européens. « Édouard possède une vision très aiguisée de ce marché et de son évolution, alors que de mon côté, en tant que directrice générale, je gère l’entreprise dans son quotidien et dans son financement. L’enjeu d’une start-up est double : celui du produit que vous vendez, et celui de votre entreprise qui est aussi un produit financier », souligne Marine Charrier. Les deux associés ont ainsi bien compris que leur croissance ne devait pas être seulement rapide, mais pérenne. Une vision structurée, sans doute issue des études de psychologie et de philosophie, passion qui a permis à la directrice générale de devenir chasseuse de têtes, avant de découvrir l’univers du plastique. La rencontre avec Édouard Garreau, qui disposait d’une forte expérience dans le secteur, porteur d’un projet avec des solutions environnementales, collait parfaitement avec l’idée d’entreprendre de Marine Charrier, sensibilisée par un arrière-grand-père qui avait lui-même créé une société de recyclage de tissus.
Au départ, il fallut passer beaucoup de temps à auditer le marché, rencontrer des dirigeants, des investisseurs, des pôles de compétitivité, des syndicats, pour bien comprendre la problématique. Nombre d’injonctions, quelles soient réglementaires, marketing ou incitatives sont données aux industriels pour intégrer du recyclé dans leur production, mais sans leur donner les possibilités de le faire ! L’idée d’Édouard Garreau fut donc de leur donner les moyens de faire ce qu’ils souhaitaient. Le business modèle s’est ensuite précisé, d’abord sur la France et l’Europe, avant de s’élargir aujourd’hui au monde entier, notamment en Asie, qui fabrique la moitié de la production mondiale.